Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

ou même toutes ses parties existent aussi. Or, pour le temps, bien qu’il soit divisible, certaines parties ont été, d’autres seront, mais aucune n’est réellement. Le présent, l’instant n’est pas une partie du temps ; car la partie d’une chose sert à mesurer cette chose ; et d’un autre côté, le tout doit se composer de la réunion des parties ; or, il ne paraît pas que le temps se compose d’instants et de présents successifs. De plus, cet instant, ce présent même, qui sépare et limite, à ce qu’il semble, le passé et le futur, est-il un ? Reste-t-il toujours identique et immuable ? Ou bien est-il différent, et sans cesse différent ? Toutes questions qu’il n’est pas facile de résoudre. En effet, si l’instant est toujours autre et perpétuellement autre et si l’instant qui n’est plus à présent mais qui a précédemment été, doit nécessairement avoir péri à un moment donné, alors les instants successifs ne pourront jamais exister simultanément les uns avec les autres, puisque l’antérieur aura toujours nécessairement péri. Or, il n’est pas possible que l’instant ait péri en lui-même, puisqu’il n’existait pas alors ; et il n’est pas possible davantage que l’instant antérieur ait péri dans un autre instant. Par conséquent, il faut admettre qu’il est impossible que les instants tiennent les uns aux autres, comme il est impossible que, dans la ligne, le point tienne au point. »

Ces doutes sur la réalité du temps n’arrêtent point Aristote ; et, après avoir montré que quelques philosophes ont eu tort de confondre le temps