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dans la grandeur ! Quelle sobriété de développements ! Quelle vigueur et quelle justesse d’arguments ! À qui comparer cette sévère et puissante éloquence ? Plus tard on a fait des phrases sur la nature ; mais ici tout est profondément senti et pensé. Et ajoutez qu’au temps d’Aristote tout ceci n’était pas moins neuf que vrai. Aujourd’hui c’est un lieu commun ; mais quatre siècles avant notre ère ! Le second morceau est d’un genre différent ; mais il n’est pas moins beau, quoiqu’il soit tout psychologique et métaphysique. Il est relatif à la théorie du temps.


Livre IV, ch. XIV §§ 2 et suivants :


« Voici, dit Aristote, quelques raisons qu’on pourrait alléguer pour prouver que le temps n’existe pas du tout, ou du moins que, s’il existe, c’est d’une façon à peine sensible et très obscure. Ainsi, l’une des deux parties du temps a été et n’est plus ; l’autre doit être et n’est pas encore. C’est pourtant de ces éléments que se composent et le temps infini et le temps que nous comptons dans une succession perpétuelle. Or, ce qui est composé d’éléments qui n’existent pas, semble ne pouvoir jamais être regardé comme possédant une existence véritable. Ajoutez que, pour tout objet divisible, il faut de toute nécessité, puisqu’il est divisible, que, quand cet objet existe, quelques-unes de ses parties