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ce que la nature les fait… Ceci est surtout manifeste dans les animaux autres que l’homme qui ne font ce qu’ils font, ni suivant les règles de l’art, ni après étude, ni par réflexion ; et de là vient qu’on s’est parfois demandé si les fourmis, les araignées et tous les êtres de ce genre n’exécutent pas leurs travaux à l’aide de l’intelligence ou d’une autre faculté non moins haute. En faisant quelques pas de plus sur cette route, on peut voir que, dans les plantes elles-mêmes se produisent aussi les conditions qui concourent à leur fin, et que, par exemple, les feuilles sont faites pour garantir le fruit. Si donc c’est par une loi de la nature, si c’est en vue d’une fin précise que l’hirondelle fait le nid où seront ses petits, et l’araignée sa toile, que les plantes portent leurs feuilles protectrices du fruit, et qu’elles poussent leurs racines en haut et non en bas pour se nourrir, il est de toute évidence qu’il y a une cause du même ordre pour toutes les choses qui existent ou qui se produisent dans la nature entière. Mais si, dans le domaine de l’art les choses qui réussissent sont faites en vue d’une certaine fin, et si, dans les choses qui échouent, l’art a seulement fait effort pour atteindre le but qu’il se proposait sans y parvenir, il en est de même dans les choses naturelles, et les monstruosités ne sont que des déviations de ce but vainement cherché. »

Tel est le premier morceau que je tenais à citer, et qui ne se recommande pas moins au bon goût qu’à la science. Quel naturel et quelle simplicité