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choses que la nature présente à nos regards, sont telles qu’elles sont ou dans tous les cas ou dans la majorité des cas. Mais il n’en est pas du tout ainsi pour rien de ce que produit le hasard. On ne trouve point en effet que ce soit un hasard ni une chose accidentelle qu’il pleuve fréquemment en hiver ; mais c’est un hasard au contraire s’il pleut beaucoup, quand le soleil est dans la constellation du Chien. Ce n’est pas davantage un hasard qu’il y ait de grandes chaleurs dans la Canicule ; mais c’en est un qu’il y en ait en hiver. Si donc il faut, de deux choses l’une, que ces phénomènes aient lieu soit par accident soit en vue d’une fin, et, s’il n’est pas possible de dire que ces phénomènes soient accidentels et fortuits, il est clair qu’ils ont lieu en vue d’une fin précise. Or, tous les faits de cet ordre sont dans la nature apparemment, comme en conviendraient ceux-là mêmes qui soutiennent ce système. Donc, il y a un pourquoi et une fin à toutes les choses qui existent ou se produisent dans la nature. J’ajoute que partout où il y a une fin, c’est pour cette fin qu’est fait tout ce qui la précède et tout ce qui la suit. Donc, telle est une chose quand elle est faite, telle est sa nature ; et telle est cette chose par sa nature, telle est quand elle est faite, toutes les fois que rien ne s’y oppose. Or, elle est faite en vue d’une certaine fin ; donc elle a cette fin par sa nature propre. En supposant qu’une maison fût une chose que fit la nature, la maison serait précisément, par le fait de la nature, ce qu’elle est aujourd’hui par le fait de l’art ; et si les choses naturelles pouvaient venir de l’art aussi bien qu’elles viennent de la nature, l’art les ferait exactement