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pleuvoir pour développer et nourrir le grain. Mais il pleut par une loi nécessaire ; car en s’élevant, la vapeur doit se refroidir ; et la vapeur froide, devenant de l’eau, doit nécessairement retomber. Que si ce phénomène ayant lieu, le grain en profite pour germer et croître, c’est un simple accident. Et de même encore, si le grain qu’on a mis dans la grange vient à s’y perdre par suite de la pluie, il ne pleut pas apparemment pour que le grain pourrisse ; et c’est un simple accident s’il se perd. Qui empêche également de dire que, dans la nature, les organes corporels eux-mêmes sont soumis à la même loi, et que les dents, par exemple, poussent nécessairement, celles de devant incisives et capables de déchirer les aliments, et les molaires, larges et propres à broyer, bien que ce ne soit pas en vue de cette fonction qu’elles aient été faites et que ce soit une simple coïncidence ? Qui empêche de faire la même remarque pour tous les organes où il semble qu’il y ait une fin et une destination spéciales ? Ainsi donc, toutes les fois que les choses se produisent accidentellement telles qu’elles se seraient produites en ayant un but, elles subsistent et se conservent, parce qu’elles ont pris spontanément la condition convenable ; mais celles qui ne l’ont pas prise périssent ou ont péri, comme Empédocle le dit de ses créatures bovines à proue humaine. Telle est l’objection qu’on élève et à laquelle reviennent toutes les autres.

Mais il est bien impossible, continue Aristote, que les choses se passent comme on le prétend. Ces organes des animaux dont on vient de parler et toutes les