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sous peine de ne pas se bien comprendre elle-même. Mais par le progrès de l’analyse, et par l’importance du sujet, la théorie du mouvement est sortie du domaine propre de la physique ; et sous le nom de mécanique, de dynamique et de statique, elle forme une science à part, dont la physique ne s’occupe plus, mais qu’elle suppose, parce que sans une telle science la physique ne serait pas logiquement possible. La théorie du mouvement est si bien l’antécédent obligé de la physique, que, quand à la fin du XVIIe siècle, Newton pose les principes mathématiques de la philosophie naturelle, en expliquant le système du monde, il ne fait dans son livre immortel qu’une théorie du mouvement[1]. Descartes, dans les Principes de la Philosophie, avait également placé l’étude du mouvement en tête de la science de la nature. Ainsi, deux mille ans passés avant Descartes et Newton, Aristote a procédé tout comme eux ; et si l’on veut considérer équitablement son œuvre, on verra qu’elle est de la même famille, et qu’à plus d’un égard, elle n’a rien à redouter de la comparaison.

  1. Newton le dit lui-même dans sa Préface à la première édition des Principes mathématiques de la philosophie naturelle, 1686.