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ARISTOTE PHYSIQUE II TRADUCTION

titre d’]attribut essentiel et non pas accidentel de cette chose.

Je dis [à titre d’attribut] non accidentel parce qu’il pourrait arriver qu’un homme, étant médecin, fût lui-même la cause de sa propre santé ; et cependant ce n’est pas en tant que recevant la guérison qu’il possède l’art médical ; mais, par accident, le même homme est un médecin et le sujet d’une guérison : aussi ces deux [qualités] se séparent-elles l’une de l’autre. Même observation relativement à toutes les autres choses artificielles : aucune n’a vraiment en elle-même le principe de sa production, les unes l’ont en d’autres choses et hors d’elles, tels une maison et tout objet fait de d’homme ; les autres l’ont bien en elles-mêmes, mais ce n’est pas par essence, [savoir] toutes celles qui peuvent être par accident causes d’elles-mêmes.

La nature est donc ce que nous avons dit. Par conséquent ont une nature toutes les choses qui possèdent un tel principe. Or toutes ces choses sont des substances : en effet, ce sont des sujets, et la nature réside toujours dans un sujet. Sont [choses] conformes à la nature et toutes ces substances et tous leurs attributs essentiels, par exemple pour le feu, la translation vers le haut ; car ce n’est pas là une nature ni une chose qui ait une nature, mais c’est quelque chose qui arrive par nature et conformément à la nature. Nous venons de dire ce qu’est la nature et ce que c’est que d’être par nature et conformément à la nature. Quant à essayer de démontrer que la nature existe, ce serait ridicule. Il est manifeste en effet qu’il y a beaucoup d’êtres tels [que ceux à qui nous avons attribué une nature]. Or démontrer ce qui est manifeste par ce qui est obscur, c’est le fait d’un homme incapable de discerner ce qui est con-