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avaient fait d’abord les frais de cette collection, avec une libéralité peu commune. Des habitants de Scio fournirent les fonds nécessaires pour la continuation de cette entreprise, qui nonseulement a contribué aux progrès de l’instruction et de la civilisation chez les Grecs, mais qui a aussi répandu en Europe, particulièrement en France, des livres utiles et intéressants, devenus fort chers et fort rares, et qui n’y avaient jamais paru avec ce degré de correction et de pureté.

Mais tandis que ces hommes estimables consacraient une partie de leur aisance à cette généreuse entreprise, une calamité, presque sans exemple dans les annales de la férocité humaine, est venue anéantir leur malheureuse patrie. En peu de jours, sur une population d’environ cent vingt mille personnes, quarante mille ont été massacrés, trente mille emmenés en esclavage, se verront peut-être la plupart forcés d’embrasser la religion musulmane, et le reste, luttant contre la misère et le désespoir, s’est trouvé dispersé dans toutes les parties de l’Europe ; un gymnase, où se trouvaient réunis huit cents étudiants, a été détruit, une bibliothèque de soixante mille volumes est devenue la proie des flammes.

La souscription que nous avons proposée n’a pour objet, comme on l’a dit dans le prospectus, que de procurer quelques secours aux infortunés, qui, après avoir échappé à ce désastre, sont peut-être aujourd’hui privés du peu de ressources qu’ils

    de l’Empereur Marc-Aurèle, I vol. ; (e) le traité d’Hippoçrate, Des Airs, des Eaux, etc., I vol. ; (f) le Général d’armée, par Onisander, avec la traduction française, en regard du texte, I vol. Chacun des vingt-un volumes, qui forment cette intéressante collection, est accompagné de notes critiques et philologiques, en grec littéral, et de Prolégomènes, en grec moderne, dans lesquels l’auteur s’est attaché sans cesse à inspirer à ses jeunes compatriotes les sentiments les plus élevés, le désir de travailler à se rendre utiles à leur malheureuse patrie, par des talents et des connaissances de tous genres. L’auteur leur a donné à la fois l’exemple et le précepte, car on voit assez, par ce que nous venons de dire, que l’amour de sa patrie a été la pensée dominante de toute sa vie.