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qui il n’y a qu’un seul bonheur véritable, celui d’accomplir son devoir, qu’un malheur réel, celui de se sentir coupable de quelque faute qu’il a pu éviter : Cet être idéal, en un mot, qui, au dire de ces philosophes, est le seul riche, dans l’indigence universelle ; le seul libre, au milieu d’une foule d’esclaves, le seul raisonnable, parmi une multitude d’insensés, enfin, le seul roi, parce que tous les autres hommes doivent être devant lui dans un profond abaissement ; qu’est-ce autre chose, qu’un type ou un symbole de la perfection morale à laquelle tout être raisonnable doit s’efforcer sans cesse d’atteindre, quoiqu’il ne puisse jamais y arriver ?

En général, toutes nos idées de perfection absolue, en quelque genre que ce soit, ne doivent être regardées que comme la limite intellectuelle du progrès indéfini que nous pouvons imaginer ou concevoir, en ce genre : le mot absolu, en métaphysique et en morale, comme le mot infini, en géométrie, signifie simplement que, quel que soit le degré positif et déterminé des qualités ou des quantités que l’on considère actuellement, notre esprit peut toujours concevoir ou supposer un degré au delà.

Ce n’est pas ici le lieu de chercher à démêler, dans cette esquisse rapide de la doctrine stoïcienne et de ses conséquences les plus paradoxales, ce qui appartient exclusivement à Zenon ; qui en fut le