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à perfectionner et à étendre l’autorité de la raison, qui n’est que le bon emploi des facultés que Dieu lui-même nous a données, comme l’unique moyen à l’aide duquel nous puissions le connaître, découvrir les lois par lesquelles il nous dirige, et nous conformer à ces mêmes lois.

La morale d’Épicure est donc vicieuse, sous quelques rapports ; elle est incomplète, sous quelques autres : bien qu’elle ne méritât pas, peut-être, le décri prodigieux qui l’a poursuivie dès son apparition dans le monde, elle ne suffit pas à soutenir la vertu au degré d’élévation et d’énergie où celle-ci doit aspirer, et où elle peut atteindre. Seulement, cette doctrine peut garantir celui qui l’a bien comprise, des excès des passions, et le maintenir dans ce degré de modération et de tranquillité d’ame qui est un des caractères essentiels du bonheur. Au reste, Épicure, et ses disciples les plus estimables, ont eu le mérite d’approfondir, plus qu’on ne l’avait fait avant eux, la nature et les effets de la sensibilité ; et leur philosophie joignit au mérite de la clarté, dans les détails, celui de ne pouvoir se prêter ni au fanatisme, ni à l’hypocrisie.

La doctrine morale de Zenon, qui était l’antagoniste naturelle de celle d’Épicure, exagérée à quelques égards, et par cela même incomplète aussi et imparfaite, ne considérait l’homme que comme un être raisonnable, sans tenir presque aucun compte