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d’opinions et de sentiments si universellement établi parmi les hommes, qu’il semble sortir, en quelque manière, de leur constitution intellectuelle et morale, et que rien de ce qui est en nous le résultat naturel et nécessaire de l’exercice et du développement de nos facultés, ne peut être détruit par nous. En second lieu, parce que, admettre des intelligences supérieures à l’intelligence humaine, et prétendre qu’il y ait solution de continuité entière et absolue dans l’ordre intellectuel et moral, tandis que tout est lié et soumis à des influences réciproques dans l’ordre physique et matériel, c’est soutenir une contradiction manifeste.

Aussi la véritable philosophie, loin de tenter de vains efforts pour abolir le sentiment religieux parmi les hommes, s’est appliquée sans cesse à épurer et à diriger, ce sentiment sublime vers le but que la nature des choses et l’ordre de Dieu même lui assignent d’une manière si évidente[1]. C’est elle qui nous apprend à distinguer cet ordre

  1. Assurément, je ne prétends pas que le philosophe doive jamais se mêler aux discussions du dogme ou des articles de croyance particuliers à aucun culte ; mais je veux dire que la morale, dans quelque religion que ce soit, est entièrement du domaine de la philosophie, et je citerai, à ce sujet, les paroles d’un jésuite, qui fut à la fois