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succès, et entre autres Cicéron[1]. Quant à Séneque, tout stoïcien qu’il était, c’est-à-dire, quoiqu’il eût adopté les principes d’une secte tout à fait opposée à celle d’Épicure, il rappelle dans plusieurs endroits avec éloge les préceptes et les maximes de ce philosophe. « Je n’affirme point avec la plupart de nos stoïciens, dit-il, que la secte d’Epicure enseigne tous les crimes : mais je dis seulement qu’elle a un mauvais renom ; on l’a décriée, et c’est à tort[2]. »

Mais Cicéron avait raison de dire que si l’on ne pouvait, sans injustice, accuser la morale pratique d’Épicure, on était fort autorisé à se défier de la justesse de sa théorie. Il y avait de l’inconséquence à tout rappeler au sentiment, lorsqu’on était immédiatement forcé de faire intervenir la raison pour décider de la préférence que méritent les divers sentiments. Le mot volupté, dont se servait ce philosophe, comme équivalent de l’idée de bonheur ou de souverain bien, pouvait donner et donna, en effet, lieu à de dangereuses équivoques, puisque la plupart de ceux qui, depuis que ce système a été connu dans le monde, ont voulu justifier à leurs propres yeux, l’entraînement qui les

  1. Voyez Cic. De Fin. Bon. et Mal. 1. 2, c. 25, et Tuscul. Quoest. 1. -3, c. 20.
  2. Senec. De Vitâ Beatâ, c. 13, et Epist. 33, etc.