Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

périence nous peut convaincre que l’homme juste jouit d’une sécurité constante, tandis que l’homme injuste ne peut jamais être assuré de conserver la sienne, et qu’enfin on ne peut être heureux qu’autant que l’on est vertueux. Ainsi, dans ce système, la vertu n’a de mérite ou de prix qu’à cause des conséquences qui résultent d’une conduite conforme à ce qu’elle prescrit, elle n’est qu’un moyen, et non pas une fin ; et par cette raison, la prudence y est considérée comme la vertu par excellence, comme celle qui comprend toutes les autres.

Cependant, il faut encore, pour être heureux, affranchir sa raison des terreurs superstitieuses que font naître dans notre ame les fausses opinions que l’on a adoptées, sur la nature des puissances supérieures à l’homme ; et l’étude des lois de l’univers, ou des phénomènes du monde physique, est le remède le plus efficace que l’on puisse opposer à cette maladie morale, source de tant de crimes et de calamités.

Telle est en substance la doctrine morale d’Épicure : d’ailleurs les préceptes particuliers qu’il donne pour la conduite de la vie, peuvent être avoués par la raison la plus sévère, par la plus austère vertu. C’est une justice que lui ont rendue ceux des écrivains anciens qui ont le moins approuvé la partie purement théorique de son systême, qui l’ont réfutée avec le plus de force et de