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bas : mais on ne saurait même guère être susceptible, dès la jeunesse, d’une bonne et sage éducation, et qui vous rende propre à la vertu, si l’on n’a pas été, pour ainsi dire, nourri sous de pareilles lois ; car une vie sobre et austère n’a pas beaucoup d’attraits, surtout pour les jeunes gens. Voilà pourquoi les lois doivent prescrire la nourriture et les diverses occupations qui leur sont convenables ; car elles n’auront plus rien de pénible pour eux, quand ils en auront contracté l’habitude.

Cependant, peut-être n’est-ce pas assez de donner aux jeunes gens une bonne éducation, et de les surveiller avec attention ; mais, puisqu’il faut qu’ils s’exercent eux-mêmes, et qu’ils s’accoutument, quand ils seront devenus hommes [à pratiquer ce qu’on leur aura enseigné], on peut encore avoir besoin, pour cela, du secours des lois, et, en général, pour tout le temps de la vie : car le grand nombre se soumet plutôt à la nécessité qu’à la raison, et aux punitions qu’à l’honneur. Voilà pourquoi plusieurs sont persuadés que les législateurs doivent sans doute exhorter les hommes à la vertu, et les y exciter par des motifs d’honneur, parce que ceux qui y sont préparés par de bonnes habitudes, sauront entendre un pareil langage ; mais il faut aussi imposer des peines et des châtiments à ceux qui sont rebelles à la loi, et qui ont des dispositions naturelles moins heureuses. Quant aux hommes d’une incurable perversité, il n’y a d’autre moyen que de les bannir entièrement. En effet,