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d’une manière secondaire, ou relative, et non absolue, comme les actions auxquelles ils se joignent.

VI. Après avoir parlé des vertus, des amitiés et des plaisirs, il nous reste à traiter sommairement du bonheur, puisque nous admettons qu’il est la fin de toutes les choses humaines. Reprenant donc ce qui a été dit précédemment sur ce sujet, nous pouvons en donner une description ou définition plus abrégée. Or, nous avons dit qu’il n’est pas une habitude, ou une disposition ; car alors il pourrait être le partage d’un homme enseveli toute sa vie dans un profond sommeil, et n’ayant qu’une existence purement végétative, ou de celui qui serait plongé dans les plus grandes infortunes. Si donc on ne saurait se contenter de cette définition, s’il faut plutôt faire consister le bonheur dans une certaine activité, comme on l’a dit précédemment, et si, entre les actions ou opérations, il y en a qui sont comme des moyens indispensables, et qu’on ne peut préférer que comme conduisant à quelque but ultérieur, et d’autres que l’on doit préférer pour elles-mêmes, il est évident qu’il faut ranger le bonheur dans cette dernière classe, et non pas dans celle des choses que l’on préfère pour une autre fin : car le bonheur n’a besoin de rien, mais se suffit à lui-même.

On peut regarder comme préférables par ellesmêmes, les actions dans lesquelles on ne cherche rien de plus que l’activité même : et telles sont, à ce qu’il semble, celles qui sont conformes à la