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soins ou des attentions que par un motif d’utilité personnelle.

En général, c’est la vertu et quelques qualités estimables qui font naître la bienveillance, lorsqu’un homme nous semble beau, ou courageux, ou posséder quelque avantage de ce genre, comme nous avons dit qu’on s’intéresse aux athlètes qui disputent le prix dans l’arène.

VI. La conformité des sentiments est aussi un des caractères de l’amitié, mais non pas la conformité des opinions ; car celle - ci pourrait exister entre dès personnes qui ne se connaîtraient pas les unes les autres. On ne dit pas de ceux qui ont des opinions semblables sur un sujet (par exemple, à l’égard des mouvements des corps célestes), qu’il y a entre eux accord de pensées et de sentiments ; car être d’accord sur ces choses-là n’est pas une cause d’amitié réciproque. Mais on dit qu’il y a conformité de sentiments, dans les cités ou dans les sociétés politiques, lorsque les citoyens y pensent de la même manière sur des objets d’intérêt général ; lorsqu’ils préfèrent les mêmes institutions, et qu’on y exécute les résolutions qu’on a prises en commun. Ce n’est donc que lorsqu’il est question d’entreprendre quelque action, et même une action de quelque importance, que cette conformité de sentiments a lieu ; et elle peut se rencontrer ou entre deux amis, ou entre tous les citoyens ; par exemple, dans une république, quand tout le monde est d’avis que les magistratures soient électives, ou que l’on fasse un traité d’alliance avec les Lacédémoniens,