pable de repentir ; et, puisque tels sont les caractères qui se rencontrent dans l’homme de bien, et qu’il est envers un ami dans les mêmes dispositions où il est pour lui-même (car un ami est un autre nous-même), il s’ensuit que l’amitié est quelqu’une des choses que nous venons de dire, et qu’elles se trouvent dans les amis. Mais laissons, quant à présent, la question de savoir s’il y a, ou s’il n’y a pas véritablement un amour de soi : toujours est-il que l’amitié pourrait se reconnaître à deux ou plusieurs des caractères que nous avons indiqués[1], et que, quand elle est portée à l’excès, elle ressemble à l’amour de soi.
Toutefois ces mêmes caractères semblent se rencontrer dans un grand nombre d’individus, qui, d’ailleurs, sont peu dignes d’estime ; serait-ce donc qu’ils y participent, en effet, par les qualités qui font qu’ils se plaisent à eux-mêmes, et qu’ils se croient des hommes estimables ? puisque, d’ailleurs, jamais ces marques ne se trouvent en ceux qui sont tout-à-fait dépravés ou criminels, et qu’il n’y en a pas même l’apparence. Que dis-je ? c’est à peine si on les reconnaît dans les hommes sans probité ;
- ↑ C’est-à-dire, le bien qu’on veut à son ami, le plaisir qu’on trouve à vivre avec lui, et à sympathiser avec tous les sentiments qu’il éprouve, etc. Il me semble que cela ne peut guère s’entendre autrement ; bien que quelques commentateurs aient cru qu’il s’agissait ici des différentes parties de l’âme.
faite, et en effet, ils se trouvent dans ces deux manières de sentir ou d’être affecté, etc. » (M. M. l. 2, c. 11.