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rien de ce qu’il faut pour vivre parmi les hommes et y jouer un rôle imposant. Occupe-toi donc d’objets plus sérieux, et d’une utilité plus positive. Imite enfin ceux qui, sans s’amuser à de pareilles puérilités, ont trouvé la gloire, la fortune, et beaucoup d’autres solides avantages. »

Il est curieux de voir, à cette époque ; la profession de foi des ambitieux, et des partisans du pouvoir arbitraire dans tous les temps, si explicitement énoncée et si nettement rapportée à sa véritable cause. Au reste, Socrate n’est pas fort embarrassé, comme on peut bien croire, pour opposer à toute cette belle théorie les raisons les plus convaincantes. Si, comme le prétend Calliclès, le bonheur véritable consiste à satisfaire tous ses désirs, dès-lors il s’ensuit que plus on aura de désirs à satisfaire, et plus on sera heureux. Dès-lors il faut qu’il convienne que la suprême félicité sera d’être sans cesse en proie à une faim et à une soif dévorantes, d’être sans cesse tourmenté des plus cuisantes démangeaisons, pourvu que l’on puisse sans cesse boire, manger, et ainsi du reste. Et quoique Calliclès s’irrite et s’indigne de pareilles conclusions, elles n’en sortent pas moins nécessairement de la proposition qu’il a avancée,

Socrate lui démontre, au contraire, que si l’ordre ; et l’harmonie des fonctions et des mouvements du corps humain, sont ce qui lui donne la santé