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ceux à qui l’on doit la vie que de pourvoir à sa propre existence. On leur doit aussi le respect, comme aux Dieux ; mais on ne leur doit pas toutes sortes d’honneurs, ni les mêmes à un père et à une mère, ni ceux que l’on rend à un sage ou à un général d’armée, mais ceux qui sont exclusivement propres à ce degré de parenté. On doit, en général, à tout homme d’un âge avancé les égards qu’exige sa vieillesse, comme de se lever en sa présence, de lui céder la place de distinction dans un repas, et autres choses semblables.

Quant à nos frères et à nos amis, ils ont droit de nous parler avec franchise et de partager avec nous les avantages dont nous jouissons : enfin, il faut s’appliquer à rendre à ses proches, à ses concitoyens, à ceux de la même tribu, ce qui convient à ce genre de relations, et discerner ce qu’exigent pour chaque individu les qualités qui le distinguent, sa vertu, ou l’utilité qu’on peut en attendre. Au reste, il est facile de juger ce qu’exigent de nous tous ceux qui nous sont unis par la parenté ; mais cela est plus difficile, quand il s’agit de relations d’un autre genre. Toutefois ce n’est pas une raison pour se dispenser d’observer les convenances ; mais on doit s’en faire des idées aussi exactes qu’il est possible.

III. Il s’élève encore une question, sur la convenance de rompre, ou non, les relations d’amitié avec ceux qui ne demeurent pas tels qu’ils étaient. Par exemple, avec ceux qu’on aimait à cause de l’utilité ou de l’agrément qu’on trouvait en eux,