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ne faut pas avoir les mêmes égards pour toutes sortes de personnes, ni tout accorder à son père, comme on n’immole pas toutes sortes de victimes à Jupiter[1]. En effet, on doit avoir pour ses parents, pour des frères, des amis, des bienfaiteurs, les procédés qui sont convenables à chacune de ces diverses relations ; et c’est aussi ce qu’on fait assez ordinairement : car les parents sont ceux qu’on invite à la solennité des mariages, à raison de la communauté des liens de famille ; et l’on croit aussi devoir les convoquer, surtout à l’occasion des cérémonies funèbres, par le même motif. Il semble encore que l’on soit obligé, par dessus tout, à procurer la subsistance à ses père et mère ; c’est comme une dette qu’on a contractée, et il est plus beau de l’acquitter envers

    les conversations ordinaires, se rapportent bien, en effet, à ce sentiment ; mais ce n’est pas toujours la même espèce d’amitié. » Voyez, au reste, les remarques de Mr Coray, p. 317 de l’édition grecque de ce traité.

  1. Au même endroit, cité dans la note précédente (Eudem. l. 7, c. 11), notre philosophe ajoute : « Ce n’est pas sans raison qu’Euripide a dit : Des paroles équitables sont récompensées par d’autres paroles également justes ; mais celui qui fait des actions [de justice, doit attendre pour récompense] d’autres actions pareilles à celles qu’il a faites. Car on ne doit pas tout faire pour son père ; il y a aussi des choses que l’on doit faire pour une mère, bien que le père ait des droits supérieurs. En effet, on n’immole pas toutes les victimes à Jupiter, tous les honneurs ne sont pas pour ce Dieu, mais il y en a qui lui sont réservés, etc. » J’ai suivi, dans la traduction du passage d’Euripide, les corrections proposées par Mr Coray p. 317.