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en effet, à la puissance royale[1]. Mais, chez les Perses, cette autorité du père est tyrannique[2] ; car ils disposent de leurs enfants comme d’esclaves. Le pouvoir d’un maître sur ses esclaves est également tyrannique ; car l’intérêt du maître est tout ce que l’on considère. Dans ce cas, néanmoins, l’autorité est ce qu’elle doit être[3] ; mais l’autorité paternelle, en Perse, est vicieuse et dépravée ; car le pouvoir doit différer comme les personnes qui l’exercent.

Mais les rapports du mari avec la femme constituent une sorte de gouvernement aristocratique : car le mari y exerce une autorité proportionnée au mérite ou à la dignité, dans les choses où il convient que l’homme commande ; mais il abandonne à la femme tous les soins qui conviennent à son sexe. Au contraire, s’il veut décider de tout en maître, l’aristocratie alors dégénère en oligarchie ; car ce n’est plus en vertu de sa supériorité réelle et naturelle qu’il agit, mais il usurpe un pouvoir supérieur à son mérite. Quelquefois, cependant, les femmes exercent l’autorité ; quand ce sont de riches héritières[4]. Dans ce cas encore,

  1. Voyez la Politique, l. i, c. 5, § 2.
  2. Voyez la Politique, l. i, c. 2, § 2.
  3. Et elle produit aussi tous les déplorables, effets qu’elle doit produire ; c’est-à-dire, que plus le maître est maître, et plus l’esclave est esclave, plus l’un et l’autre deviennent étrangers à tous les sentiments de justice et de raison, plus ils descendent du rang et de la dignité d’homme.
  4. Cela arrivait assez fréquemment à Lacédémone. Voyez la