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la victoire, ou le désir des conquêtes. Il en est ainsi des membres d’une même tribu, ou des citoyens d’un même bourg.

Quelques-unes de ces associations semblent même n’avoir pour but que le plaisir, comme les repas où l’on célèbre quelque solennité[1], et ceux où chacun contribue pour sa part ; car on ne veut alors que faire des sacrifices en commun, ou même on ne cherche que l’agrément d’être ensemble. Mais toutes ces espèces de sociétés sont, pour ainsi dire, subordonnées à la société politique ; car ce n’est pas seulement l’intérêt du moment que celle-ci s’applique à protéger, mais celui de toute la vie ; et c’est pour cela qu’on fait des sacrifices, qu’on ordonne des réunions solennelles, en l’honneur des dieux, et qui offrent aux citoyens des occasions de délassements agréables. Car anciennement ces sacrifices et ces solennités se célébraient à l’époque qui suivait la récolte des fruits[2] ; c’étaient comme des prémices qu’on offrait à la divinité, parce qu’alors on jouissait de plus de loisir.

Ainsi donc toutes les associations semblent n’être

  1. Un repas, ou une réunion de ce genre était appelée θίασος. Sur quoi l’on peut voir, entr’autres, Xenoph. Memor. Socrat. l. 2, c. 1, § 31. Un repas où chacun contribuait pour sa part s’appelait ἔρανος  ; Voy. ci-dessus, l. 4, c. 2, note 8.
  2. Voyez, sur ce sujet, Strabon (l. 9, p. 419, to. 2, p. 192 de l’édition de Mr  Coray. Paris, 1817) ; Virgile (Georg. l. 2, vs, 527 seq.) ; Horace (Epist. l. 2, ep. 1, vs. 139, sq.), etc.