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ou comme Cercyon dans l’Alopé de Carcinus[1] ; ou comme ceux qui, en faisant tous leurs efforts pour s’empêcher de rire, finissent par éclater avec bruit, ainsi qu’il arriva à Xenophantus[2]. Mais ce qui peut étonner, c’est qu’un homme soit incapable de résister aux plaisirs ou aux peines dont presque tout le monde peut surmonter l’attrait ou l’inconvénient, sans avoir pour excuse ou la nature de son tempérament, ou l’altération de sa santé, comme les rois des Scythes chez lesquels la mollesse était héréditaire[3], ou comme, les femmes dont la constitution diffère essentiellement de celle des hommes.

    concedendum est gementi : ipsum enim Herculem viderat in Œta magnitudine dolorum ejulantem.

  1. Il y eut deux poètes tragiques de ce nom, l’un Athénien, et l’autre d’Agrigente : on ne sait quel est celui dont Aristote fait mention ici, et dans plusieurs endroits de sa Poétique. Cercyon était le père d’Alopé, dont la tragédie de Carcinus portait le nom.
  2. On ne sait rien de ce Xenophantus ; quelques commentateurs ont pensé que c’était peut-être un des courtisans d’Alexandre, dont Sénèque fait mention dans son traité De la Colère, (l.2, c. 2.)
  3. Quelques interprètes ont cru qu’il fallait substituer ici les Perses aux Scythes ; d’autres rappellent, à ce sujet, un passage d’Hérodote (Hist. l. 1, § 105), où il est question d’une maladie de femme (θήλεια νοῦσος ) dont les Scythes furent frappés, quoique l’historien ne dise pas qu’elle fût particulière aux rois de ce pays, mais seulement à ceux qui avaient pillé le temple d’Ascalon. Voyez les notes de Mr Coray sur le traité d’Hippocrate Des Airs, des Eaux et des Lieux, t. 2, p. 331.