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parlant d’un homme qui est dans ce cas à l’égard de la colère, on peut dire qu’il est intempérant de la colère [c’est-à-dire, incapable de la surmonter], mais non pas simplement qu’il est intempérant. Car tout ce qui va dans l’excès en fait de vices, soit imprudence, soit lâcheté, soit débauche, soit dureté ou inhumanité, appartient ou à des affections brutales, ou à des affections maladives. En effet, celui qui est naturellement craintif, au point de s’effrayer du bruit que fait une souris, montre une lâcheté qui tient de la bête plus que de l’homme. Mais la crainte de cet homme qui (dit-on) avait peur des belettes, était en lui l’effet d’une maladie. Parmi les gens qui sont tout-à-fait déraisonnables, il y en a qui, par nature, sont incapables de suivre un raisonnement, et qui ne se dirigent que d’après les impressions faites sur leurs sens ; ceux-là sont réduits à l’instinct purement animal, comme certains peuples qui habitent les pays lointains : mais chez d’autres, c’est l’effet des maladies, telles que l’épilepsie, ou la folie.

Cependant, il peut arriver que quelqu’un de ces êtres dégradés ait de tels vices, mais ne s’en laisse pas toujours dominer : par exemple, si un Phalaris résiste à la fureur qu’il a d’égorger un jeune enfant et de le manger, ou au désir d’en abuser pour ses infâmes voluptés. Enfin, il est possible qu’il ait de ces désirs forcenés, et qu’il y cède. De même donc qu’il y a des vices qui n’excèdent pas les limites de la dépravation humaine, et qu’on appelle simplement des vices, tandis qu’il y en a d’autres.