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ni vice, ni perversité, par la raison que nous avons dite, parce que chacune de ces choses est en elle-même et naturellement un bien désirable ; mais c’est l’excès qui y est répréhensible, et qu’il y faut éviter. Ce n’est pas non plus intempérance ou débauche : car non-seulement la débauche est une chose qu’on doit fuir, elle est même très-blâmable ; mais on y applique le terme d’intempérance, en ajoutant en quoi, ou dans quel genre, à cause d’une certaine ressemblance dans la manière d’être affecté : comme on dit un méchant médecin, un méchant acteur, en parlant d’un homme qu’on n’appellerait pas simplement méchant. De même donc que, dans ce cas, on ne s’exprimerait pas ainsi, parce qu’en effet, il n’y a pas de méchanceté ou de perversité dans chacune de ces personnes, mais qu’on n’emploie le mot méchant que par analogie, et à cause d’une certaine ressemblance ; ainsi, dans la question qui nous occupe, il est bien entendu qu’on ne se sert des mots tempérance et intempérance, qu’à l’occasion des mêmes choses auxquelles se rapportent la sobriété et la débauche ; et qu’on ne les emploie, au sujet de la colère, que par analogie. Voilà pourquoi on y ajoute toujours quelque autre expression, en disant intempérant, [ou qui n’est pas maître] de sa colère, de sa passion pour les honneurs ou pour la richesse.

V. Comme il y a des choses agréables par leur nature, et que, parmi celles-ci, il y en a qui le sont absolument et en général, d’autres qui ne plaisent qu’à certaines races d’hommes et à de certaines