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suprême ou absolu. Par conséquent encore, les caractères qui le distinguent, sont d’être parfait et suffisant, d’être à lui-même son propre but, et d’être un objet nécessaire de désirs pour toute créature douée de raison.

Ce qu’on appelle volupté, ou plaisir, n’a point ces caractères, n’a rien d’absolu ou d’existant nécessairement et par soi-même ; au contraire, c’est un changement, une modification fugitive et passagère de l’ame, une tendance vers le bien, vers un état parfait et complet, mais qui est elle-même imparfaite et incomplète. De même que les germes, après avoir reçu l’impulsion qui les fait tendre au complet développement de leur existence, sont, pendant un certain temps, dans une sorte de mouvement progressif qui doit les conduire à cette existence complète et parfaite ( état que Platon désigne par le nom de génération ) ; ainsi le plaisir est une tendance, une sorte de mouvement progressif qui semble nous conduire vers le bien, et par cette raison, ce philosophe lui donne aussi le nom de génération. Et voilà pourquoi le plaisir, suivant lui, n’est pas le bien absolu, ou le bonheur parce qu’il est génération et mouvement[1].

Il y a des sentiments qui s’unissent à la pensée,

  1. Voyez ce qu’Aristote dit, à ce sujet, dans sa Morale, 1. X, ch. 3—4.