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de ces choses ; c’est-à-dire, si on les appelle tempérant ou intempérant, uniquement à cause qu’ils sont portés, ou non, vers telles ou telles choses, ou à cause de la manière dont ils les envisagent ; ou bien, si c’est à la fois à cause des choses, et à cause de la disposition où ils sont à leur égard. Ensuite, si l’intempérance et la tempérance ont lieu, ou non, à l’occasion de tous les objets : car celui qui est intempérant, en général, n’est pourtant pas entraîné vers toutes sortes de choses, mais seulement vers celles qui attirent le débauché ; et il n’est pas même porté vers celles-là d’une manière générale et absolue (car alors l’intempérance et la débauche seraient une même chose) ; mais il a sa manière d’être particulière, à leur sujet, Car le débauché se livre par choix au plaisir, persuadé qu’il faut le saisir partout où il se trouve ; tandis que l’intempérant ne laisse pas d’agir de la même manière, tout en croyant qu’il ne le faudrait pas.

Au reste, que ce ne soit pas une science, mais une opinion véritable, contre laquelle agissent ceux qui se livrent à l’intempérance, cela ne fait rien à la question ; car, quelquefois on n’a pas le moindre doute sur l’opinion que l’on adopte, et on la prend pour une science certaine. Si donc, parce que l’on n’a qu’une croyance assez faible à ce qui n’est qu’une opinion, on est plus porté à agir contre ce qu’on croit, que quand on a une science certaine, il n’y aura point de différence entre opinion et science ; car il y a des gens qui ne sont pas moins convaincus de la vérité de leur opinion, que