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de la persuasion, il en changerait du moment où on l’aurait fait changer d’opinion ; au lieu que c’est sans raison et sans motif qu’il se décide à agir d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs, si la force et la faiblesse morales se rencontrent en tout, quel sera le caractère de la faiblesse absolue ? Car il n’y a personne qui réunisse en soi tous les genres de faiblesse, et pourtant nous prétendons qu’il y a une[1] faiblesse morale absolue. Voilà quelques-unes des difficultés qui naissent de ce sujet : or, entre ces difficultés, il y en a qu’il faut résoudre, et d’autres à la solution desquelles il faut renoncer ; car la solution d’une difficulté est une véritable découverte, ou une invention.

III. Premièrement donc il faut examiner si l’intempérant agit avec connaissance de cause, ou non, et comment il connaît ou sait ce qu’il fait ; ensuite, par rapport à quelles choses on peut dire qu’un homme est tempérant ou intempérant : je veux dire, si c’est par rapport aux plaisirs et aux peines de tout genre, ou par rapport à quelque espèce déterminée de plaisirs ou de peines ; enfin, si la tempérance, et la fermeté d’âme, qui fait tout endurer, sont, ou non, un même caractère, et quelques autres questions du même genre qui appartiennent naturellement à ce sujet. Et d’abord, se présente la question si la différence qu’il y a entre le tempérant et l’intempérant est dans les choses mêmes, ou dans la manière dont ils sont disposés à l’égard

  1. C’est le défaut de force morale.