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différente. Il faut donc, comme nous l’avons fait pour les autres qualités ou défauts, commencer par exposer les faits[1], et, après avoir discuté les questions auxquelles ils donnent lieu, faire connaître les opinions communes sur ces passions, ou au moins le plus grand nombre et les principales ; car, quand les difficultés auront été résolues, et qu’il ne restera que ce qui est probable, le sujet se trouvera suffisamment éclairci.

Or, la tempérance et la force morale sont généralement regardées comme des qualités dignes d’estime et de louange ; au lieu que l’intempérance et la mollesse passent pour des habitudes vicieuses et blâmables. L’homme tempérant est en même temps docile à la raison, et l’intempérant en méconnaît l’autorité : entraîné par ses passions, il fait le mal avec connaissance de cause ; au lieu que le tempérant, sachant que ses désirs sont vicieux, s’abstient, par raison, d’y céder. On donne à l’homme raisonnable le nom de tempérant, de ferme dans sa conduite, et celui-là est regardé par les uns comme parfaitement raisonnable, et non par les autres. Ceux-ci soutiennent que les termes d’intempérant

  1. Notre auteur dit pareillement, dans un autre endroit [Physic. l. 4, c. 6) : « Il faut s’attacher, dans l’examen d’un sujet, à bien déterminer d’abord ce qu’il est, de manière qu’on puisse résoudre les questions auxquelles il donne lieu, et s’assurer que ce qui paraît s’y trouver, y est en effet Outre cela, on reconnaîtra par ce moyen la cause des difficultés qu’il présente, et des questions qu’il fait naître ; car c’est là la meilleure manière de l’exposer dans tous ses détails. »