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tère , la constance ou l’inconstance dans des résolutions quelles qu’elles soient, ou bien n’y aura-t-il de véritable fermeté que dans celui qui persiste dans de sages résolutions, et de faiblesse qu’à ne savoir pas être fidèle à la raison et à la vérité ? il est facile de voir qu’il n’y a de véritable fermeté que dans celui qui suit constamment la raison et la vérité, et que l’entêtement ou l’opiniâtreté, tenant à des motifs tout-à-fait étrangers à la raison, ne constituent nullement le juste milieu que l’on désigne par le nom de tempérance — X. L’intempérance, ou faiblesse de caractère, ne s’allie point avec la prudence ; mais elle peut se trouver unie avec une sorte de finesse ou d’habileté. Quand cette faiblesse morale est le produit des mauvaises habitudes, elle peut plutôt se réformer que quand elle est l’effet du tempérament, parce que l’habitude est plus facile à changer que la nature. —XI. La volupté, ou le plaisir, étant ce qui influe le plus sur les déterminations de l’homme, par rapport à la tempérance, ou à l’intempérance, est un sujet important à considérer. Le plaisir est-il un bien ? Plusieurs philosophes le nient, et soutiennent que bien et plaisir sont des choses entièrement différentes ; et moins encore peut-on dire, suivant eux, que la volupté soit le souverain bien. — XII. On peut considérer le bien absolu, et le bien relatif à de certaines personnes, ou même relatif à ces personnes dans certains cas ; et l’on peut établir les mêmes distinctions à l’égard du plaisir. Il y a des plaisirs toujours accompagnés de quelque peine, ce sont ceux du corps ; ils sont le plus ordinairement recherchés par les ames vulgaires. Il y en a qui sont entièrement exempts de peines, ce sont ceux de l’intelligence et de la contemplation, exclusivement propres à l’homme sage et vertueux. —XIII. Il est possible qu’un certain plaisir soit ce qu’il y a de plus excellent, quoiqu’il y ait des plaisirs blâmables. Quand tous les actes de nos facultés s’exécutent sans obstacle, il est possible que cette activité soit ce qu’il y a de plus désirable, et peut-être est-ce là ce qu’il faut appeler proprement plaisir ou volupté, et c’est peut-être en ce sens qu’on pourrait dire que la volupté est le bonheur, ou le souverain bien. — XIV. Ce qui fait que le vulgaire donne la préfé-