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recherches sur ce sujet[1], avait rencontré juste à certains égards, et, sous d’autres rapports, était dans l’erreur. Car il se trompait, en pensant que toutes les vertus ne sont que la prudence ; mais il avait raison de dire qu’elles ne sauraient exister sans cette faculté. La preuve, c’est que tous ceux qui désormais entreprennent de définir la vertu, ne manquent guère de faire entrer dans leur définition, qu’elle est une disposition à tel ou tel genre de qualités ou d’actions, conforme à la droite raison : or, c’est la prudence qui donne à la raison cette rectitude dont ils parlent. Tous semblent donc, jusqu’à un certain point, avoir deviné que cette habitude ou manière d’être, telle qu’ils la conçoivent, est la vertu, quand elle est dirigée par la prudence.

Toutefois cette définition a besoin d’être un peu modifiée ; car la vertu n’est pas seulement une disposition ou manière d’être, conforme à la raison, mais elle doit être unie à la raison : or, la raison, dans ce cas-là, c’est la prudence. Ainsi donc Socrate pensait que toutes les vertus sont la raison même, envisagée sous différents points de vue (car il croyait que toutes étaient des sciences) ; et nous croyons

  1. Voyez le dialogue de Platon, intitulé Ménon (p. 344 et 364 ed. Bip.), et le Lachès (p. 193), dans lesquels Socrate, ou plutôt Platon, s’attache à démontrer que toutes les vertus ne sont, pour ainsi dire, que des parties d’une seule et même connaissance ou science, d’où elles dérivent, et dans laquelle toutes se confondent, en quelque manière.