Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/367

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elles ont pourtant un certain effet, non pas comme la médecine, pour produire la santé, mais la sagesse contribue au bonheur, comme la santé elle-même : car, étant une partie de la vertu en général, elle rend heureux par cela seul qu’on la possède, et par l’influence qu’elle exerce. De plus, la prudence concourt, avec la vertu morale, à l’accomplissement d’une œuvre, d’une action ; car la vertu est ce qui rend le but estimable et convenable, et la prudence donne le même caractère aux moyens d’arriver à ce but. Mais la quatrième partie de l’âme, la partie nutritive, n’a point une telle propriété ; car il ne dépend d’elle ni de faire, ni de ne pas faire quoi que ce soit.

Quant à l’objection que la prudence ne rend pas plus capable de pratiquer ce qui est juste et honorable, il faut [pour y répondre] reprendre les choses d’un peu plus haut, et rappeler le principe suivant :

Nous avons dit, en effet, que certaines personnes qui font des actes de justice, ne sont pas pourtant encore, pour cela, des hommes justes[1] ; par exemple, ceux qui font ce qui est prescrit par les lois, mais qui le font malgré eux, ou par ignorance, ou par quelque autre motif, et non en vue de la justice en elle-même : ils font pourtant ce qu’il faut, et tout ce que doit faire un homme de bien. Ainsi, l’on peut, ce me semble, faire toutes choses avec une disposition particulière, et à des condi-

  1. Voyez l. 5, 8.