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quelque chose, et raisonne [ou calcule les probabilités des différents partis qui s’offrent à son esprit ].

Nous avons dit que la sage résolution consiste dans une certaine rectitude de délibération ; il faut donc chercher d’abord ce que c’est que la délibération, et à quoi elle s’applique. Mais, comme le mot rectitude a plusieurs acceptions diverses, il est facile de voir que toutes ne conviennent pas ici : car l’homme intempérant et vicieux pourra parvenir, par le raisonnement, à voir les choses comme il le désire, de sorte qu’après qu’il aura délibéré comme il faut, il se trouvera avoir reçu un grand dommage. Toutefois, il semble que l’effet d’une délibération sagement conduite doive être quelque chose d’avantageux : car le propre de cette rectitude de jugement, qui caractérise une sage résolution, est de procurer un bien ou un avantage.

Cependant, on peut obtenir ce résultat par un faux raisonnement : on peut atteindre le but qu’il fallait avoir en vue, mais ne pas y arriver par la route véritable ; enfin, le moyen terme [du syllogisme] peut être faux, [quoique le syllogisme soit concluant.] Par conséquent, on n’est pas encore en droit d’appeler sage résolution celle qui atteint, à la vérité, le but convenable, mais non par des moyens convenables. De plus, l’un peut employer un temps fort considérable à délibérer, tandis qu’un autre saura, sur le champ, prendre son parti. Ce n’est donc pas encore là ce qui constitue la sage résolution ; mais elle consiste dans une rectitude