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ce qui pourrait être autrement. Toutefois, elle n’est pas uniquement une habitude accompagnée de raison ; et ce qui le prouve, c’est qu’une telle habitude peut se perdre par l’oubli, mais non pas la prudence.

Vl. Puisque la science est la conception ou l’appréciation des choses générales, et qui ont une existence nécessaire ; et puisqu’il y a des principes de tout ce qui est susceptible de démonstration, et de toute science.(car la science est inséparable du raisonnement), les principes de ce qu’il est possible de savoir ne peuvent appartenir ni à la science elle-même, ni à l’art, ni à la prudence[1]. En effet, ce qu’on peut savoir peut être démontré ; mais l’art et la prudence ne se rapportent qu’à ce qui peut être autrement qu’il n’est. La sagesse ne se rapporte pas non plus à ce qui est de ce dernier genre, car il doit y avoir des choses que le sage soit en état de démontrer. Or, si les facultés à l’aide desquelles nous saisissons la vérité, et nous pouvons constamment nous garantir de l’erreur, tant par rapport aux choses qui ne sauraient être autrement, qu’à l’égard de celles qui peuvent être autrement, sont la science, la prudence, la sagesse et l’intel-

  1. Ailleurs (M. M. l. i, c. 35) il dit : « L’esprit ou l’intelligence s’applique aux principes des choses intellectuelles, et des objets réellement existants : car la science n’est relative qu’à ce qui peut être démontré ; mais les principes ne sont pas susceptibles de démonstration. » Voyez encore Analyt. Poster. l. 2, c. 19, et Problem. xxx, sect. 5.