Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

taines dispositions morales habituelles pour lesquelles on n’avait pu s’empêcher de concevoir une sorte de respect et d’admiration. L’habitude de s’abstenir, par exemple, des jouissances qui flattent les sens, du moment où elles blessent la raison ou la convenance ; celle de conserver une constance inébranlable au milieu des souffrances ou des dangers, celle de se conduire dans les circonstances difficiles ou délicates de manière à faire voir, qu’on avait prévu à l’avance les avantages ou les inconvénients de ses actions, qu’on avait appris par l’expérience et par la réflexion à anticiper, en quelque sorte, dans sa pensée, les résultats probables ou certains des actions humaines ; enfin la disposition constante à consulter en tout les droits d’autrui, de sorte que jamais un autre homme ne puisse craindre de vous un tort ou un dommage qu’il n’a pu ni dû prévoir ; ces quatre espèces de dispositions ou d’habitudes, dis-je, ont eu, dans les plus anciens temps, des noms correspondants à nos mots tempérance, force, prudence et justice. On les retrouve même dans les livres sapientiaux des Hébreux[1], où ils sont regardés comme exprimant les principales parties de la sagesse ou de

  1. Sobrietatem enim et prudentiam docet [sapientia], et justitiam et virtutem [s. fortitudinem] quibus utilius nihil est in vita homimbus. (lib. sapient. c. 8, vs. 7.)