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prescrit la médecine, ou la personne qui possède cet art. Il ne faut donc pas seulement que ce que nous avons dit des habitudes de l’âme soit véritable, mais il faut encore qu’on détermine exactement ce que c’est que la droite raison : il faut en donner la définition.

Or, nous avons distingué deux sortes de vertus de l’âme, les unes morales, les autres intellectuelles, et nous avons considéré les vertus morales. Nous allons parler des autres, après avoir d’abord traité de l’âme. J’ai dit précédemment[1] qu’elle est composée de deux parties, l’une qui a la raison, et l’autre qui en est privée. Il faut maintenant diviser de la même manière la partie qui est douée de raison. Supposons donc aussi qu’elle ait deux parties : l’une, à l’aide de laquelle nous contemplons les choses qui sont telles qu’elles ne peuvent pas avoir d’autres principes que ceux qu’elles ont ; et l’autre, au moyen de laquelle nous connaissons les choses qui pourraient être autrement qu’elles ne sont[2]. En effet, il faut bien qu’il y ait, pour chaque genre de choses essentiellement différentes, une partie de l’âme essentiellement distincte, et appropriée par sa nature à ce genre, puisque l’âme en a connaissance à raison de sa ressemblance et de son aptitude par rapport à cette chose[3].

  1. Ci-dessus l. i, c. 12 ; l. 2, c. 1. Voy. aussi M. M. l. 2, c. 35.
  2. C’est-à-dire, les choses contingentes, comme il l’explique plus au long dans le chapitre 5 de ce livre.
  3. On peut voir dans le traité De anima (l. i, c. 2, et l. 3,