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vers soi-même se résout toujours par la condition du consentement donné à l’injustice dont on est l’objet.

Au reste, il n’est pas douteux que ces deux choses, être l’auteur de l’injustice et en être l’objet, ne soient l’une et l’autre fâcheuses : car, dans le premier cas, c’est s’attribuer plus ; et, dans le second, avoir moins que ne comporte l’équité, ou le juste milieu, qui, pour l’art de la médecine, est l’état de santé, comme il est la bonne disposition du corps, pour la gymnastique. Cependant, il y a plus de mal à commettre l’injustice ; car c’est une chose blâmable, et qui suppose toujours ou le dernier degré de perversité, ou un degré qui en est très-voisin. En effet, tout ce qui est volontaire n’est pas accompagné d’injustice ; mais être l’objet de l’injustice, ne suppose de notre part ni injustice ni perversité.

Considérée en soi, la condition de celui qui souffre l’injustice est donc moins mauvaise ; mais il peut arriver par hasard qu’elle soit un plus grand mal. Cependant, ce n’est pas là ce dont l’art a à s’occuper ; il déclare [par exemple] que la pleurésie est une maladie plus dangereuse qu’une chute ; cependant, celle-ci pourrait, dans certains cas, être plus funeste, s’il arrivait qu’en tombant, ou après sa chute, un homme fût pris et tué par les ennemis.

Le juste est donc, par métaphore et par analogie, le rapport, non pas d’un homme avec lui-même,