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s’y trouve bien aussi dans l’égalité, et l’injustice dans l’inégalité ; seulement elle ne suit pas la proportion géométrique, mais c’est sur la proportion arithmétique qu’elle se règle. Car il importe peu que ce soit un homme considérable qui ait dépouillé d’une partie de ses biens quelque citoyen des dernières classes du peuple, ou que ce soit celui-ci qui ait fait tort à l’autre ; que ce soit l’un ou l’autre qui ait commis le crime d’adultère : la loi n’envisage, en pareil cas, que la différence des délits, et considère comme égaux à ses yeux celui qui commet l’injustice et celui qui la supporte, celui qui a causé le dommage et celui qui l’a souffert ; de sorte que le juge s’efforce de rétablir l’égalité altérée par cette injustice. En effet, lorsqu’un homme a été frappé, ou a perdu la vie, et qu’un autre lui a porté des coups, ou l’a tué, l’action de l’un et le dommage de l’autre se partagent, pour ainsi dire, en deux parts inégales ; et le juge, par l’amende ou la peine qu’il impose, cherche, en diminuant l’avantage de l’une des parties, à rétablir l’égalité entre elles.

Dans les considérations de ce genre, bien que ces expressions ne conviennent pas peut-être à plusieurs cas particuliers, on se sert du mot gain ou avantage, en parlant de celui qui a frappé, et du mot perte, en parlant de celui qui a été frappé : mais, lorsque le dommage a été apprécié ou évalué, ces deux expressions doivent être prises en sens inverse. Toujours est-il que ce qui rétablit l’égalité entre le plus et le moins, c’est un juste milieu