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Il est aussi ennemi de l’égalité et violateur des lois ; car l’une ou l’autre de ces deux habitudes ou dispositions comprennent toute espèce d’injustice. Mais s’il est vrai que celui qui viole les lois soit injuste, et que l’homme juste les respecte, il s’ensuit évidemment que tout ce qui est conforme aux lois, l’est aussi, jusqu’à un certain point, à la justice. Car, ce qui est prescrit ou permis par la législation, est légitime ; et l’on peut affirmer que cela est en même temps juste. Or, les lois s’expliquent sur tous les objets, et ont pour but ou l’intérêt général de la société, ou celui des hommes les plus dignes, ou celui des personnes qui ont autorité, soit à cause de leur vertu, soit sous tout autre rapport du même genre. En sorte qu’on appelle justes, en les comprenant sous un même point de vue, toutes les choses qui contribuent à produire ou à entretenir la prospérité de la société civile, aussi bien dans l’ensemble que dans les détails[1]. En effet, la loi prescrit les actes de courage, comme de ne point abandonner son poste, de ne point prendre la fuite, de ne point jeter ses armes ; ceux qui constituent la tempérance, comme de ne point commettre d’adultère, de n’outrager

  1. C’est proprement là l’idée ou la notion du droit, au sujet duquel Cicéron dit, avec raison, qu’il est, pour chaque citoyen, un héritage plus précieux que celui de tous les autres biens qui lui ont été transmis par ses pères. Mihi credite, major hæreditas venit unicuique vestrum a jure et legibus, quam ab iis a quibus illa bona relicta sunt. (Cic. Or. pr. A. Cæcin, c. 26).