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qu’on fait malgré soi, il y en a qui sont excusables, et il y en a qui ne méritent aucune indulgence. —IX. Personne n’est volontairement l’objet de l’injustice. Il n’est pas facile d’être juste ; il ne l’est pas même d’être injuste, surtout pour l’homme qui n’y est pas disposé par la nature et par ses habitudes. Ce qui veut dire qu’il ne dépend pas ordinairement de nous de réunir toutes les conditions de sentiment, d’intention, de connaissance, et de circonstances, qui font le caractère de l’injustice proprement dite. La justice ne peut se trouver que chez des êtres capables de participer aux biens véritables.—X. L’équité n’est pas tout-à-fait la même chose que la justice absolue. Ce qui est équitable, bien qu’il soit juste, n’est pas exactement conforme à la loi ; il en est plutôt une modification avantageuse. L’équité rectifie l’erreur qui peut résulter des expressions trop générales de la loi, dans les cas particuliers sur lesquels elle n’a pas pu s’expliquer avec assez de précision.—XI. On voit, par ce qui précède, s’il est possible qu’un homme soit injuste envers lui-même. Celui qui se tue, est injuste envers la société ; mais il ne peut l’être par rapport à lui-même, puisque : la notion du juste emporté l’idée de rapport entre deux personnes distinctes. C’est donc par analogie et par métaphore qu’on peut quelquefois se servir de l’expression être injuste envers soi-même ; et alors on considère plus particulièrement la distinction établie entre la partie raisonnable et la partie irraisonnable de l’âme.



I. IL s’agit d’examiner dans quelles actions se trouvent l’injustice et la justice[1] ; quelle disposition moyenne est exprimée par ce mot, et entre quelles choses ce qui est juste est le milieu qu’approuve

  1. On retrouve dans les deux autres traités (M. M. l. i, c. 34 ; et Eudem. l. 4, 5 et 6), le même fonds d’idées, et très-souvent les mêmes expressions que dans tout ce cinquième livre.