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cère qui observe le juste milieu, est louable, au lieu que les deux autres caractères, où se trouve le mensonge, sont blâmables tous deux, mais plus celui qui est vain et plein de jactance. Parlons donc de l’un et, de l’autre, et d’abord de celui qui est sincère et vrai. Je n’entends pas, au reste, la loyauté ou la sincérité dans les contrats, ou dans les transactions de la vie civile, ni dans tout ce qui tient à la justice ou à l’injustice (ce sujet appartient à une autre vertu) ; mais je parle de l’homme qui, dans les circonstances où il n’a aucun intérêt de ce genre, se montre vrai dans sa conduite comme dans ses discours, parce que tels sont sa nature et son caractère. Ce sera, sans doute, un homme d’honneur ; car celui qui aime la vérité, et qui la dit dans les choses où il n’a aucun intérêt, la dira encore plus dans, celles où il sera intéressé, puisqu’alors la crainte du déshonneur fortifiera en lui l’aversion naturelle qu’il a pour le mensonge. Il est donc digne de louange et d’estime : toutefois il sera plus disposé à affaiblir la vérité qu’à l’exagérer ; car il semble qu’il y ait à cela plus de convenance et de délicatesse ; au lieu que l’exagération a toujours quelque chose de choquant.

Celui qui, sans but et sans motif, cherche à faire croire aux autres qu’il possède des qualités ou des avantages plus grands qu’ils ne sont en effet, est sans doute peu digne d’estime, car autrement il ne se plairait pas au mensonge ; cependant il est plutôt vaniteux que méchant. S’il agit ainsi par amour de la gloire ou des honneurs, comme il arrive aux