Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/27

Cette page n’a pas encore été corrigée

seigner l’art des discours, vous avez prétendu qu’on s’abstînt seulement de ceux qui ne sont ni raisonnables, ni justes, ou si l’on doit aussi s’interdire ceux qui sont justes et raisonnables. — Hé bien ! dit Chariclès avec colère, pour lever toute difficulté, il t’est expressément défendu de converser, de quelque manière que ce soit, avec des jeunes gens. — À présent, reprit Socrate, dites-moi à quel âge les hommes sont censés n’être plus des jeunes gens, afin que je ne coure pas risque de contrevenir à vos ordres. — Tant qu’ils n’ont pas le droit de voter dans l’assemblée, dit Chariclès, parce que jusque là ils manquent de prudence. Ne parle point à ceux qui ont moins de trente ans. — Quoi ! pas même pour savoir le prix des denrées que vendent ceux qui n’ont pas cet âge, si j’ai besoin d’acheter quelque chose ? — Non : pas même pour cela, dit Chariclès. — Mais si l’on m’interroge, ajouta Socrate ; si l’on me demande, par exemple, où demeure Chariclès, ou bien Critias, faudra-t-il que j’évite de répondre ? — Sans doute, reprit Chariclès…… Socrate, ajouta Critias, il faudra aussi t’abstenir de parler de cordonniers, de charpentiers et t’interdire toutes ces comparaisons usées dont tu as tant de fois rebattu nos oreilles. — Et, par conséquent aussi, taire les vérites qui s’ensuivent, sur ce qui est juste, saint et le reste. — Assurément ! dit Chariclès, et ne