Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mettre dans la même classe toutes celles qu’on n’a occasion de faire qu’une fois, comme pour un mariage, ou pour telle autre circonstance de ce genre ; et encore celles où toute une cité est intéressée, ou au moins tous ceux qui y sont en dignité, comme l’hospitalité donnée à des étrangers[1], et les fêtes qu’on fait pour eux au moment de leur départ, les dons envoyés au nom de la ville, ou ceux que l’on fait en retour des présents que les étrangers lui ont envoyés. Car ce n’est pas pour lui-même que le magnifique fait de ces dépenses considérables, mais toujours pour le public ; et les présents dont je viens de parler ressemblent, à quelques égards, aux offrandes consacrées dans les temples.

La magnificence consiste aussi à se faire construire une habitation proportionnée aux richesses qu’on possède[2] ; car c’est encore là une sorte d’éclat qui impose, et il faut plutôt employer son argent aux objets solides et durables, parce que ce sont ordinairement les plus beaux, et surtout

  1. Voy. Cicéron (De Offic. l. 2, c. 18). Dans le chapitre 16 du même livre, cet auteur reproche à Théophraste d’avoir fait un éloge excessif de la magnificence ; et, au contraire, il loue Aristote des sages réflexions par lesquelles il avait combattu la manie qu’avaient les personnes riches, à Athènes, de se ruiner par des prodigalités insensées, en donnant au peuple des fêtes, des spectacles, etc. Malheureusement l’ouvrage d’Aristote, auquel Cicéron fait allusion, a été perdu ; de même que le Traité des Richesses de Théophraste, où il y avait d’ailleurs, suivant le même écrivain, beaucoup d’excellentes choses.
  2. Voy. Cicéron (De Offic. l. i, c. 39).