Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/243

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertus qui se rapportent à l’emploi des richesses : cependant elle n’embrasse pas, comme la libéralité, toutes les actions relatives à cet emploi, mais seulement les occasions de dépenses considérables. À cet égard donc, elle surpasse en importance la libéralité, comme l’indique le nom même qu’on lui a donné. Et d’abord, quel sera le but de cette dépense qui doit être considérable ? car sans doute elle ne sera pas la même de la part du Triérarque[1], et de celui qui est chargé de présider une députation ou théorie[2]. Mais, en fait de convenances de ce genre, il faut considérer la personne qui fait la dépense, le sujet qui y donne lieu, et la somme qui y est consacrée ; or, on ne donne pas le nom de magnifique à celui qui ne fait qu’une dépense proportionnée à des sujets ou peu considérables,

  1. Les triérarques, à Athènes, étaient ceux des citoyens qui devaient fournir à l’armement et à l’équipement des galères, en cas de guerre. Cette dépense étant fort considérable, était ordinairement imposée aux plus riches ; et ceux qui avaient du penchant à la magnificence, y trouvaient une occasion toute naturelle de le manifester. On trouvera des éclaircissements très-curieux sur cette matière dans les Prolégomènes du savant Mr Wolf, à la tête de son édition de la Harangue de Démosthènes sur Leptine (p. c et suiv.)
  2. Les théories, ou députations que les villes ou états de la Grèce envoyaient pour prendre part à quelques solennités, ou pour consulter les oracles, avaient ordinairement pour président ou pour chef (ἀρχιθέωρος ), un riche citoyen, qui se chargeait d’une partie, et quelquefois de la totalité de la dépense qu’occasionnait cette mission. Voyez la dissertation citée de M. Wolf (p. xc, note 65.)