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le fréquentaient ordinairement venait à se plaindre des torts que son frère ou sa mère avaient envers lui, le sage philosophe, tout en supposant la plainte fondée, afin de ne pas armer contre lui la passion de celui qu’il voulait instruire et corriger, ramenait insensiblement son attention sur ce que de pareils liens ont de touchant et de sacré, sur ce qu’on doit de reconnaissance à une mère, sur ce qu’on peut attendre des sentiments qui résultent nécessairement et presque inévitablement du lien fraternel, et ainsi s’établissait dans l’esprit de celui à qui s’adressaient ses discours, et de ceux qui les entendaient, la connaissance des devoirs propres à ce genre de relations.

D’autres fois, Socrate provoqué lui-même par les sarcasmes d’un sophiste, qui n’aurait pas été fâché de l’humilier aux yeux de ses nombreux auditeurs, tirait de cette circonstance un moyen naturel de leur faire mieux sentir l’utilité de ses entretiens et la vérité des principes qu’il avait adoptés. En un mot, l’instruction qu’il répandait sous mille formes diverses, parce qu’elle naissait d’une extrême variété d’événements imprévus, était toujours dirigée vers le même but, la connaissance de l’homme, de ses devoirs dans toutes les situations de la vie, et des moyens de se rendre heureux en pratiquant la vertu et en cultivant sa raison.

C’est ainsi qu’il parvint à exercer sur ses contem-