Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/21

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même celle de la mort, ne doit l’arrêter dans l’accomplissement de ce devoir sacré.

Aussi le voyait-on fréquenter chaque jour les places publiques, les gymnases, et tous les lieux où les citoyens se rassemblaient le plus ordinairement, prêt à discourir avec ceux qui voulaient l’entendre, et à répondre à ceux qui voulaient l’interroger. L’art ingénieux avec lequel il savait amener l’entretien sur les sujets les plus intéressants et en même temps les plus familiers, en sorte qu’il en résultât une solide instruction et la connaissance de quelques vérités utiles au bonheur et à la conduite de la vie, attirait souvent autour de lui un grand nombre de personnes et surtout de jeunes gens. Ceux dont l’esprit était sain et naturellement disposé à l’amour de la vérité et de la vertu, s’attachaient à lui et devenaient ses auditeurs assidus, ce qu’on appela ses disciples ; objet de leur tendre affection, et capable à son tour de l’attachement le plus sincère et du plus entier dévouement pour eux, il les guidait par ses conseils, et prenait souvent des circonstances particulières à quelques-uns d’entre eux, l’occasion de ses entretiens les plus attachants et les plus utiles.

Car jamais Socrate ne fit de longs discours, n’établit d’une manière expresse et dogmatique les préceptes des devoirs de l’homme et les motifs qui leur servent de base : mais si quelqu’un de ceux qui