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particuliers, comme cela arrive, par exemple, dans les maladies ; mais il dépendait de nous d’en user de telle ou telle manière ; et c’est par cette raison que les habitudes sont volontaires. Reprenons donc la considération de chacune en particulier, disons quelles elles sont, à quels objets elles se rapportent, et comment ; ce qui nous fera connaître en même temps combien il y en a ; et d’abord nous traiterons du courage.

VI. Nous avons dit précédemment[1] qu’il est un juste milieu entre l’audace et la crainte ; or, on ne craint évidemment que les choses qui sont propres à inspirer de l’effroi, et ce sont en général des maux ; voilà pourquoi on définit la crainte, l’attente d’un mal. On craint donc tous les maux, comme le déshonneur, la pauvreté, la maladie, le manque d’amis, la mort. Cependant il ne semble pas qu’on puisse avoir du courage contre tous ; il en est même qu’on doit redouter, qu’il est beau de craindre, et qu’il y aurait de la honte à braver : par exemple, le déshonneur ; car celui qui le craint est un homme estimable, et qui a de la pudeur ; tandis que celui qui le brave est impudent. Toutefois, il y a des gens qui le nomment courageux, par une sorte de métaphore, parce qu’il a quelque ressemblance avec l’homme de cœur. Peut-être, au reste, ne faut-il craindre ni la pauvreté, ni la ma-

  1. Ci-dessus, l. 2, c. 7. Voy, sur le même sujet. M. M. l. i, c. 21 ; Eudem. l. 3, c. 1.)