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Mais, non-seulement les vices de l’âme sont volontaires, il y a même des personnes chez qui les imperfections du corps le sont aussi, et on les leur reproche : car personne sans doute ne blâme ceux qui ont quelque difformité ou infirmité naturelle ; mais on en fait un sujet de reproche à ceux en qui elle est l’effet de la négligence, ou du manque d’exercices. Il en est de même de la faiblesse, de la laideur, de la privation de quelque membre : assurément aucun homme sensé n’insultera un aveugle de naissance, ou celui qui le serait devenu par l’effet d’une maladie, ou d’un coup qu’il aurait reçu ; on sera plutôt porté à en avoir compassion : au lieu que, si c’est l’effet de l’ivrognerie, ou de tout autre genre de débauche et d’intempérance, tout le monde sera porté à le blâmer. On blâme donc les vices du corps qui dépendent de nous, et non ceux qui n’en dépendent pas ; et s’il en est ainsi, il s’ensuivra que tous les autres genres de vices ou de défauts, qui sont un sujet de reproche, dépendent également de nous.

Cependant [on fait de nouvelles objections, et l’on dit : ] tous les hommes désirent ce qui leur semble être le bien ; mais nul n’est le maître de son imagination, car tel qu’est chaque individu, telle lui semble la fin qu’il se propose. Chaque homme [répondrons-nous] est, jusqu’à un certain point, la

    à son gré l’instant de la chute. » Qui modum igitur vitio quoerit, similiter facit, ut si posse putet eum, qui se a Leucata proecipitaverit, sustinere se, quum velit. (Cic. Tuscul. l. 4, c. 18.)