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puisque le principe du mouvement imprimé à tout ce qui sert à l’exécuter est en lui-même, et, par conséquent, il dépend de lui d’agir ou de ne pas agir. Sous ce rapport donc, son action est volontaire ; mais, considérée en soi, peut-être est-elle involontaire, car personne ne peut se déterminer à de pareils actes, uniquement pour eux-mêmes. On loue cependant quelquefois des actions de ce genre, lorsque celui qui les fait s’expose à l’ignominie ou à la douleur, en vue de quelque résultat important et honorable ; mais, dans le cas contraire, on les blâme, car il n’y a qu’un homme méprisable qui puisse consentir à se couvrir d’opprobre, sans qu’il en résulte aucun bien, ou même pour un médiocre avantage. Mais, dans certains cas, s’il n’y a pas lieu à donner des éloges, au moins croit-on devoir user d’indulgence, lorsque celui qui fait une chose blâmable s’est vu exposé à des maux qui surpassent tout ce que la nature humaine est capable de supporter. Peut-être aussi y a-t-il des circonstances où l’on ne doit jamais se laisser contraindre, mais endurer la mort la plus cruelle [plutôt que de consentir à ce qu’on exige de nous ]. Par exemple, le motif pour lequel Alcméon, dans Euripide, prétend avoir été forcé d’égorger sa mère, est ridicule[1]. Cependant, il est

  1. Alcméon, fils du devin Amphiaraüs, tua Ériphyle, sa mère, qui, s’étant laissé séduire par le présent d’un riche collier, avait déterminé son époux à prendre part à la première guerre contre Thèbes, où il avait perdu la vie. (Voy. Apollod.