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vouloir. — V. Il suit de tout ceci, que les vices et les vertus sont également volontaires. Sans doute, il n’est pas toujours, en notre pouvoir de résister à l’influence des habitudes déjà contractées ; mais on pouvait ne les pas contracter. C’est une erreur, en admettant que les vertus soient volontaires, de nier que les vices le soient aussi, car tout est égal de part et d’autre. Mais les habitudes ne sont pas volontaires, de la même manière que les actions ; comme on le verra par l’examen des vertus particulières. — VI. Le courage est relatif aux objets et aux circonstances qui sont propres à inspirer de la crainte ou de la confiance ; il est comme un milieu entre la lâcheté, et la témérité. Mais c’est plus particulièrement dans les périls de la guerre qu’il se manifeste. Cependant l’homme courageux ne brave pas toutes les sortes de dangers avec la même constance. Le guerrier s’afflige, où au moins s’irrite quelquefois de se voir exposé à périr sur mer, ou par une maladie longue et douloureuse. — VII. Il faut distinguer les dangers et les maux qu’on peut craindre et ceux qu’on doit braver ; connaître quand, comment, envers qui, dans quelles occasions, etc., le vrai courage se manifeste ; autrement, on peut n’être qu’un fanfaron, un faux brave ; ou bien, au lieu d’être véritablement courageux, on ne sera que téméraire, et insensé : En général, il y a plutôt de la lâcheté que du courage à se donner la mort — VIII. Il y a cinq sortes de courage, qui diffèrent du courage véritable auquel elles ressemblent d’ailleurs à plusieurs égards. 1° Le courage des citoyens, quand il est l’effet de la crainte des lois. 2° Le courage des soldats, inspiré par la crainte des chefs. 3° Le courage qui est l’effet de la colère. 4° Celui qui vient de l’espérance du succès, fondée sur l’expérience. 5° celui qui vient de l’ignorance. — IX. Le vrai courage est une vertu d’autant plus digne d’estime, qu’elle est plus difficile à pratiquer. Cependant elle est une de celles qui contribuent le plus au bonheur ; mais on n’en goûte les fruits qu’autant que l’on envisage et que l’on atteint le but légitime des actions courageuses. Aussi cette vertu se trouve-t-elle surtout dans les citoyens qui combattent pour la liberté de leur patrie. — X. La tempérance est un certain milieu,